Que faire face à la prolifération de la théorie du complot chez les plus jeunes ? C’est le problème que le Ministère de l’Education nationale a tenté de résoudre grâce à une table ronde le 9 février dernier. Parallèlement, en lançant un site internet ontemanipule.fr et un compte Snapchat, le gouvernement espère se doter d’outils modernes pour toucher les jeunes plus facilement, et leur offrir la possibilité d’un regard critique sur ce qu’ils peuvent lire sur la toile.
20% des jeunes croient à la théorie du complot
Des « Illuminati » aux théories les plus farfelues concernant les attentats, les jeunes sont sensibles aux allégations antisystèmes et sont une cible facile pour ceux qui propagent ces idées. Un récent sondage faisait état du chiffre alarmant de 1 jeune sur 5, convaincu par ce genre de théories.
Cela n’est pas récent et, de tout temps, le moindre événement dramatique a toujours donné lieu à des spéculations alternatives (assassinat de JFK, voyage sur la Lune, complot maçonnique…etc.). Mais aujourd’hui ces théories sont plus accessibles facilement et se propagent plus vite, via internet.
Et la gourmandise des jeunes pour les nouveaux moyens de communication en fait un auditoire particulièrement perméable à ces idées. De plus, autrefois, il fallait faire l’effort de dénicher un livre rare au fond d’une bibliothèque pour découvrir ces idées : aujourd’hui on y accède d’un simple clic en suivant un lien puis un autre au gré de la navigation sur le web.
Même Google aide à diffuser ce genre d’idées
L’attrait pour le mystère et le sulfureux, doublé d’outils de diffusion ultra rapides est certes la première des raisons du succès de ces idées. Mais les systèmes des moteurs de recherche amplifient cet effet d’engouement. En effet, prime à la popularité, les liens vers les fausses théories se retrouvent en haut des résultats de recherche quand les sites raisonnés et scientifiques sont relégués dans les profondeurs du web.
Or 2/3 des internautes ne regardent pas au-delà de la première page de résultats. Et l’effet de masse, de pages relatant plus ou moins les mêmes faits et les mêmes idées, renforce leur crédibilité dans l’esprit des plus jeunes ou de ceux, peu formés à une analyse critique de l’information disponible. Il est alors fortement paradoxal de constater qu’un meilleur accès à l’information véhicule plus facilement les fausses rumeurs que la vérité !
Le Ministère de l’Education Nationale essaye donc par un discours de prévention et via un « parcours citoyen » d’enrayer ce phénomène d’engouement. Grâce à des ressources pédagogiques diffusées auprès des enseignants et une incitation à la création de « médias lycéens », l’Education Nationale espère contrer cette adhésion grandissante aux théories du complot. Il faut espérer, tout de même, que la lourdeur des systèmes ne fasse pas que ce temps de retard soit irrattrapable.
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